« La banque de sang a appelé, ils sont en pénurie de O-, j’irai donner mon sang vendredi ». Plusieurs fois j’ai voulu essayer de donner mon sang, sans en trouver la force. Mais ça, c’était avant !
Je n’y arriverai jamais.
Cela fait souvent sourire les gens qui me connaissent, mais plus chochotte que moi, il n’y a pas. Disons que cette particularité leur permet également de se moquer régulièrement de moi car il m’en faut peu, vraiment très peu, pour m’évanouir. Pour la confidence, j’ai d’ailleurs longtemps cru que je n’aurais jamais d’enfant ! Envisager un accouchement était bien au-dessus de mes forces ! Mais pour vous situer la gravité de mon cas, et parce que le ridicule ne tue pas, voici quelques situations qui m’ont forcées à me coucher et à surélever les pieds (car oui, je suis entraînée maintenant) :
– Une simple visite chez le gynéco
– Me faire mettre un plâtre
– Me faire enlever un plâtre
– Une pédicure esthétique (oui oui, mais attendez, il y a pire…)
– Voir quelqu’un se sentir mal
– Entendre une jeune maman me raconter son accouchement (coucou Méla…)
– Être appelée à l’école parce que Charline s’est coincé les doigts dans la porte et qu’il serait judicieux d’aller à l’hôpital
– Toute hypothèse, même lointaine d’avoir un problème médical
– Et donc bien évidemment, pendant longtemps, les prises de sang.
Alors vous imaginez bien que donner mon sang représentait pour moi une épreuve insurmontable.
En février, j’ai donc accompagné mon amoureux afin de voir comment se passait un don de sang. L’objectif était d’appréhender les lieux, de voir le déroulement, de discuter avec les infirmières et de partager mes craintes avec elles.
Et puis vendredi, j’ai sauté le pas. J’ai donné mon sang et je n’en suis pas peu fière !
Comment ça se passe ?
Nous sommes allés au Centre de Transfusion de Charleroi (boulevard Zoé Drion pour ceux qui connaissent le coin). Ils sont ouverts deux soirs par semaine jusque 19h, ce qui offre la possibilité aux personnes qui travaillent de faire un don aussi.
À l’accueil, quelques formalités administratives sont à remplir : décliner son identité, remplir un questionnaire médical et puis une rencontre avec le médecin. Comme c’était « ma première fois », et que je lui ai d’emblée confié que j’avais peur de tomber dans les pommes, le médecin a pris le temps de bien m’expliquer comment ça allait se passer.
Sa toute première info : « Ne vous inquiétez pas, ça ne fait pas mal ». Je ne sais pas vous, mais j’ai appris à ne pas croire un médecin qui disait ça ! Sauf qu’ici, effectivement, ça ne fait pas mal. Mais à vrai dire, ce n’est pas ça qui m’inquiétait…
Elle m’explique ensuite que je dois boire avant et après pour compenser le volume de sang prélevé, que je ne dois pas me relever tout de suite, que je dois rester 5 minutes allongée, puis ensuite m’asseoir 5 minutes etc.
La j’angoisse un peu, car je pense que si c’est comme ça pour tout le monde, vu mon cas désespéré, je vais certainement ressentir une faiblesse, un malaise (vous savez que je ne dramatise jamais…). Me voilà un peu moins confiante qu’avant de lui avoir parlé. Zut.
Je passe ensuite à l’étape suivante. C’est parti, je ne peux plus reculer. L’infirmière m’installe. Je lui précise aussi que je tombe vite dans les pommes et que j’espère ne pas lui faire ce coup-là. Elle me répond : « J’espère aussi ». Oups.
Allez Garance, respire. Au pire, tu te donneras en spectacle…
Elle pique. Je ne regarde pas. Elle prend quelques tubes pour analyse puis c’est parti. Je regarde mon bras, je regarde l’aiguille. Tout va bien. Je regarde ma poche qui se remplit. Tout va toujours bien. Un don dure +/- 10 minutes. J’ai l’impression que ça a été plus rapide ou en tout cas je n’ai pas vu le temps passer.
La poche est presque pleine. Je suis soulagée car même si je m’évanouis maintenant, mon sang sera exploitable. L’infirmière enlève l’aiguille. Je l’ai fait ! Oui, je l’ai fait ! Je reste couchée tranquille, le temps d’être certaine que tout va bien, puis je m’assieds comme recommandé. Aucune faiblesse ressentie, pas de vertige, rien. Bordel, j’y suis arrivée !!!
Et l’estime de soi dans tout ça ?
Donner mon sang est pour moi une responsabilité que je suis ravie d’enfin pouvoir assumer. Être utile, faire quelque chose de bien, c’est toujours valorisant. Mais je ne pensais pas que ça boosterait ma propre estime ainsi. J’ai réussi à surmonter pas mal de craintes pour y arriver et si dans les faits, j’ai donné, j’ai plutôt l’impression d’avoir reçu.
Et puis quand vous allez donner votre sang, vous avez un peu l’impression d’être une rock star. Vous êtes accueilli comme des stars, tout le monde vous remercie pour votre geste. Vous vous sentez important(e).
Aujourd’hui, malgré l’appel aux dons fortement relayé sur les réseaux, les réserves sont toujours faibles. Peu importe la région où vous vous trouvez, vous ne donnerez jamais votre sang inutilement.
Nous pouvons tous avoir besoin de sang. Un accident, une opération ou un accouchement qui tourne mal, pour nous-même ou pour nos proches, des vies sont sauvées parce que d’autres ont donné leur sang.
Vous pouvez donner votre sang 4 fois par an.
Alors si je peux le faire, et vous savez maintenant que je suis une cause perdue, alors vous aussi vous pouvez le faire…
Pour trouver le Centre de Don le plus proche de chez vous et les réponses à toutes vos questions : https://www.transfusion.be/fr/
Un tout grand merci à l’équipe du Don de sang de Charleroi pour leur accueil, leur gentillesse et leur bienveillance, on se revoit dans 9 semaines !
2 Comments
Première fois aussi pour moi cette semaine, ca faisait aussi longtemps que j’ai envie de le faire et je suis aussi très heureuse de l’avoir fait! Et en plus, dans le même centre que toi 😉 ça prend vraiment peu de temps et comme tu le dis, ça génère une grande satisfaction personnelle!
Oh ! Félicitations à toi !!! Et merci pour ton feed-back ! Il renforce le message et l’invitation à le faire ! ❤️